Rembrandt et la figure du Christ. L’exposition place en vedette l’un des chefs-d’œuvre du Louvre, Les Pèlerins d’Emmaüs, autour duquel gravitent différentes représentations du Christ, de la main de Rembrandt et de ses élèves.
Mais à qui donc pouvait vraiment ressembler le Christ ? Cette question, qui semble avoir reçu jusque-là une réponse unique, Rembrandt la pose de nouveau en plein Siècle d’or.
Ce faisant, il ouvre la voie à de nouvelles recherches picturales et réinvente la grande peinture. Il cherche à représenter l’émotion éprouvée et suscitée par le Christ, faisant du corps de celui-ci le réceptacle des sentiments. Un sujet de choix pour un peintre soucieux de rendre compte des passions et de la vérité d’un destin individuel. Visage, corps, silhouette…, des lignes générales au détail de la peau : tout cela compose la « figure » du Christ vue par Rembrandt.
L’exposition n’a donc pas pour but de montrer un florilège de représentations de « cette personne supérieure », pour reprendre une formule célèbre, peintes par Rembrandt ni d’offrir une somme sur le sujet. Tout au contraire, il s’agit – à partir d’un groupe d’oeuvres montrant toutes Jésus en buste – de mettre en scène une énigme que le « cas Rembrandt » soumet à l’histoire de l’art : l’éventualité paradoxale d’une représentation du Christ d’après nature, sur le vif – à Amsterdam au coeur du XVIIe siècle – et dans laquelle entrerait une forme de véracité historique. Pour ce faire, Rembrandt aurait fait poser un jeune homme de la communauté juive d’Amsterdam dans son atelier, et se serait par la suite inspiré de ces études, peintes ou dessinées par lui et ses élèves, dans sa peinture d’histoire.
Unique, cette démarche soulève plusieurs questions : la part de l’originalité foncière de Rembrandt, les motivations proprement artistiques d’une telle entreprise, la beauté qui peut en résulter, son importance en regard des commentaires (visuels et textuels) immensément nombreux sur la figure du Christ… L’exposition s’attache à mettre en avant les données essentielles de ces questions, tout en insistant sur le tableau des Pèlerins d’Emmaüs, un chef-d’œuvre du Louvre récemment restauré.
Musée du Louvre, Paris
Du 21 avril au 18 juillet 2011